Paris Photo
Chaque automne, le Grand Palais se transforme en temple de la photographie, accueillant Paris Photo, l’un des événements les plus prestigieux dédiés à cet art.
Créée en 1997, cette foire internationale attire des passionnés, des collectionneurs et des artistes du monde entier, venus découvrir les dernières tendances et chefs-d’œuvre de la photographie contemporaine et historique. Son objectif principal est de promouvoir le développement et le soutien de la création photographique en mettant en avant le travail des galeristes, des éditeurs et des artistes.
Tristan Gronier, notre conservateur-restaurateur du patrimoine photographique, s’y est rendu et nous livre ses coups de coeur.
Lucas Lefflere
Implosion #2 | 2024 | 91 x 163 x 5 cm | Lucas Leffler & Intervalle
Impression au collodion humide de l’implosion du bâtiment Kodak (Rochester, NY, octobre 2007) sur 168 écrans d’iPhone (modèle 6)
Implosion de Lucas Leffler est une série de trois œuvres sculpturales qui explore la transition de la photographie analogique vers le numérique. Ces sculptures photographiques sont composées de 140 à 168 iPhones usagés, explorant deux évènements majeurs de l’année 2007 : en janvier, le lancement par Apple du premier iPhone, et en octobre, la destruction volontaire des usines Kodak à Rochester, New York, par la marque elle-même.
En appliquant une technique du 19ème siècle, il confère à ces appareils modernes une dimension poétique et critique, transformant l’iPhone, symbole du numérique, en vestige d’un passé en déclin.
Dans ce but, il utilise une des premières techniques argentiques, le collodion humide, pour imprimer cette scène de destruction sur les écrans d’iPhones obsolètes. Il divise son négatif en autant de fragments qu’il y a d’écrans, chaque fragment recevant une émulsion photosensible appliquée par collodion humide, exigeant pour achever cette oeuvre, entre quarante et soixante heures d’exposition en chambre noire. ¹
Aurora Kiraly
Pour réaliser ces oeuvres de la série « Viewfinders », Aurora Kiraly (Anca Poterasu) mélange d’anciens clichés avec du carton et du fusain sur papier.
« Avec cette série, je revisite, du point de vue actuel, des photographies que j’ai prises il y a près de deux décennies. Le viseur est un dispositif sur l’appareil photo qui permet à l’utilisateur de sélectionner ce que l’image finale montrera. À l’aide d’un viseur temporel similaire, je recadre des fragments photographiques d’une réalité passée en une fiction abstraite récente. » explique l’artiste. ²
Máté Dobokay
Előhívás kimerülésig (Development till Exhaustion) | 2020 | 200 x 300 cm | Mate Dobokay / Courtesy Bigaignon
Le jeune artiste hongrois, Máté Dobokay, signe une oeuvre impressionnante.
L’œuvre de Dobokay s’inscrit dans une démarche analytique et expérimentale, documentant la dégradation progressive d’un révélateur liquide sur du papier photographique, jusqu’à l’épuisement de la réaction chimique, et ce sur un dégradé de plus de 600 photographies. ³
Paris Photo continue de s’imposer comme un rendez-vous incontournable pour célébrer la richesse et la diversité de la photographie. Grâce à cet évènement, Paris se transforme en capitale mondiale de la photographie le temps d’un week-end.
¹ https://intervalle.art/en/artistes/detailsserie/231/lucas-leffler?id_group=157#art-1